Coincé dans l’ascenseur avec Marie-Pierre WIRIG, infirmière de l’Hôpital de Jour de Nancy

Pour ce nouveau numéro de « Coincé dans l’ascenseur avec… », nous sommes allés à la rencontre de Marie-Pierre Wirig, infirmière à l’Hôpital de Jour de Nancy et salariée de l’Association depuis plus de 30 ans.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours jusqu’à votre arrivée à l’Hôpital de Jour ?

Marie-Pierre : Je suis sortie de l’École d’Infirmière en juin 1989, j’ai travaillé au CHR de Thionville pendant un mois environ et je suis venue directement ici au service Médecine court séjour. Je suis longtemps restée dans ce service parce que je m’y sentais vraiment bien. J’avais énormément de soins techniques et il y avait du mouvement. C’est-à-dire que l’on avait régulièrement des entrées et sorties, donc cela me convenait parfaitement en début de carrière. C’est en 2005 que j’ai appris que l’on allait ouvrir un Hôpital de Jour.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre l’Hôpital de Jour ?

Marie-Pierre : J’avoue que ce qui m’intéressait le plus à l’Hôpital de Jour, c’était les horaires. Parce qu’en vieillissant, je trouvais que me lever très tôt le matin, c’était dur. Je m’endormais dès que je rentrais chez moi et/ou le soir devant la télévision. Je me suis donc dit que si je voulais concilier mon travail et ma vie de famille, il fallait que je trouve un compromis. Et je l’ai trouvé grâce à l’Hôpital de Jour où je savais que cela serait des horaires réguliers et que j’aurais la chance de ne pas travailler les week-ends et jours fériés.

Avant de savoir que l’Hôpital de Jour allait ouvrir, j’avais postulé, pour ces mêmes raisons, pour partir travailler à la Médecine préventive. Mais j’ai toujours eu un profond attachement pour l’Association : je connaissais l’établissement, les Médecins et les équipes. Partir m’aurait gêné. L’Hôpital de Jour a donc été un vrai choix pour concilier tout ce que je voulais : quelque chose de nouveau, travailler dans une petite équipe et concilier mon emploi avec ma vie de famille. C’est quelque chose qui m’a permis, dans ma carrière, d’obtenir ce qui me paraissait le plus judicieux pour moi. J’ai trouvé autre chose, tout en restant dans l’établissement. Le gros avantage de l’Hôpital de Jour, c’est que l’on nous fait confiance depuis le début. Nous sommes vraiment très libres de travailler et d’avoir des idées. Et surtout, nous nous sentons soutenus.

 

Comment se passe une journée type d’infirmière à l’Hôpital de Jour ?

Marie-Pierre : Pour moi, ce n’est pas très protocolaire, même si ça doit bien évidemment l’être. Car quelque part, nous sommes obligés de nous adapter tout le temps en fonction du patient et de sa famille, car nous ne les connaissons pas. Et c’est cette adaptation qui fait que ce poste est très enrichissant. On ne tombe pas dans une routine qui fait que l’on ne réfléchit plus. Rien n’est figé. Ce qui a été fait un jour pour un patient, ne peut pas être fait le lendemain pour le même, car il ne va pas réagir de la même façon. C’est très enrichissant et cela permet de voir plein de choses. Je travaille avec beaucoup d’interlocuteurs à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Association. Je ne suis plus seulement dans un service avec mon équipe. Je téléphone aux familles, aux infirmiers, aux réseaux pour avoir des informations, aux médecins traitants donc je suis ouverte sur l’extérieur. Tous les jours, c’est un combat nouveau !

Bien sûr, il y a quand même une base. Nous avons des demandes qui sont étudiées et validées par le Médecin. Une trame de prise en charge (rencontre avec la diététicienne, la neurologue, etc.) est mise en place, ce qui me permet d’organiser le rendez-vous en amont. Je fais concorder les différents corps de métiers pour que le patient puisse rencontrer tout le monde. Mais tout est vraiment organisé quand le patient arrive. Nous nous rendons par exemple parfois compte en le rencontrant que finalement il n’y a pas besoin de diététicienne, mais plus d’un ergothérapeute. Donc même quand la trame est posée, nous nous adaptons pour que la prise en charge soit optimale pour le patient. C’est une prise en charge individuelle et personnalisée. Même si tout est planifié, nous réorganisons pour être toujours au plus près de la pathologie.

 

Que diriez-vous à quelqu’un qui voudrait candidater pour rejoindre notre Association ?

Marie-Pierre : Moi ce qui me plaît et ce qui me retient, c’est que l’on a une équipe médicale à notre écoute. On peut aller les voir quand on veut, leur parler de ce que l’on veut, ils sont toujours prêts à nous écouter. Il n’y a pas ce côté « c’est un médecin, est-ce que je peux le déranger ? ». On ne les dérange jamais, ils sont vraiment au plus près du personnel. Et je ressens la même chose pour la Direction. Que ce soit lorsque l’on rencontre le Cadre Coordonnateur des Soins, la Responsable des Ressources Humaines ou même le Directeur, on a l’occasion de s’exprimer librement et on se sent écoutés. Il y a une ouverture d’esprit dans l’établissement que l’on ne trouve pas ailleurs. C’est une structure de taille humaine, familiale, où l’on peut tous plus ou moins se connaître.

En tant qu’ancienne, j’ai pu constater les évolutions et les améliorations de nos conditions de travail. Fin des horaires coupés, journées d’ancienneté, prime de reconnaissance pour les heures supplémentaires, etc. : ce sont de vraies avancées positives qui font que je reste.

On a aussi une reconnaissance au fil des années qui est quand même très agréable. Je me sens reconnue dans ce que je suis dans mon métier et en tant qu’individu, avec mes qualités et mes défauts. Lorsque je croise des collègues dans les couloirs, on me salue avec le sourire et en m’appelant par mon prénom. Les responsables de service n’hésitent pas à prendre le temps de remercier, par exemple lorsque l’on fait des remplacements de façon ponctuelle.

L’avantage de cet établissement, c’est qu’il y a beaucoup de services. Et que si l’on est curieux et que l’on souhaite découvrir de nouvelles spécialités, il suffit simplement de le dire. C’est une structure qui permet de voir d’autres choses, dans d’autres services. Moi, par exemple, j’ai remplacé en EHPAD et j’ai trouvé cela très bien de connaître ce service que je ne connaissais pas et pour lequel j’avais énormément d’a priori. On peut aisément faire d’autres choses parce que l’on a du long et du court séjour et que si l’on a envie d’essayer, on est encouragé à le faire.

 

Une anecdote à partager avec nous, quelque chose qui vous a particulièrement marqué depuis votre arrivée ?

Marie-Pierre : Il y a quelques années, j’ai eu un problème de santé qui a fait que je devais faire de la radiothérapie tous les jours. J’ai continué à travailler, j’ai donc organisé mes rendez-vous en fonction. Le problème de ce type de traitement, c’est qu’il y a parfois des changements de dernière minute. J’étais obligée de prévenir mon responsable. L’important étant de faire son travail, il n’y avait pas de soucis. Un jour, le Cadre Coordonnateur des Soins est venu échanger avec moi. Elle a d’abord pris de mes nouvelles, ce qui est aussi une réelle forme de reconnaissance, je trouve. Je lui ai ensuite fait part de mes difficultés et elle a trouvé des solutions pour que je puisse m’absenter sans m’inquiéter de récupérer mes heures le temps de mon traitement.

Je trouve qu’il y a du dialogue ici. Il suffit d’expliquer les choses poliment et avec sincérité, et on a en face de nous des gens qui comprennent, qui nous entendent. Et même lorsque nos responsables ne sont pas d’accord avec nous, ils prennent le temps de nous expliquer leur positionnement et nos rapports restent inchangés. On n’est pas stigmatisés pour autant.

 

Le mot de la fin ?

Marie-Pierre : Vous l’aurez sans doute compris, quand je me lève le matin, je suis contente d’aller travailler !