Par la fenêtre
A défaut d’ouvrir les portes, entrouvrons les fenêtres. Les portes closes, depuis plusieurs semaines, empêchent toute visite au sein de nos bâtiments. Mais la vie pourtant s’y poursuit. Les fenêtres de nos aînés donnent soit sur la rue, soit sur les jardins, et offrent le spectacle du silence, des trottoirs désertés, et du soleil omniprésent. L’absence physique de celles et ceux qui leur sont proches, pour nos aînés, est sans aucun doute la chose la plus difficile à accepter.
Il est pourtant d’autres fenêtres qui s’ouvrent, depuis plusieurs semaines déjà, sur cette vie qui continue aussi ailleurs. Des petites fenêtres virtuelles qui donnent sur le plus beau du réel et qui maintiennent le lien par contact visuel.
Par ces fenêtres, montent des sons familiers. On y entend la voix, puis on aperçoit un visage. Des visages aimés qui rassurent et qui donnent preuve de vie. Il y a des fenêtres qui laissent entrevoir beaucoup d’émotions, d’autres qui percent sur la tendresse et les sourires, et très souvent même sur les rires.
Souvent, jusqu’à 7 fenêtres s’ouvrent en même temps, et laissent place à la plus belle des réunions de famille. Époux, épouses, enfants, petits-enfants, arrières-petits enfants se retrouvent alors comme pour le repas dominical.
Il y a cette fenêtre qui laisse entrevoir les premiers pas d’une arrière-petite-fille, et qui, aussi, de ces grands beaux yeux, illumine le regard de son aïeule.
Et cette autre fenêtre-là, où l’amour qui n’a pas d’âge, permet encore les mots doux, les mots tendres, et où un époux voit son épouse comme au premier jour, toujours aussi belle.
Quelques fenêtres nous embarquent parfois à Marseille, Paris, et même encore plus loin. De sa fenêtre à Berlin, un fils remet un sourire et de l’éclat dans les yeux de sa mère. En Floride, aux États-Unis, un petits-fils ouvre grand sa fenêtre et son cœur à sa grand-mère.
Parfois, la mémoire qui flanche embue les carreaux d’une fenêtre. Avec patience et beaucoup d’amour, ces fenêtres-là pourtant laissent toujours entrer le soleil et la joie.
A Nancy et Neuves-Maisons, plus de 200 fenêtres se sont ouvertes sur des bouts de vie et des moments intenses. D’autres s’ouvriront encore, le temps nécessaire, ce temps suspendu où la vie continue.
Et reviendra de nouveau le temps de se tenir enfin la main.